La prostate et la sexualité
La sexualité a un rôle et une fonction importante, et pour autant, elle n’est pas vitale. Sans conditions, ni normes, elle peut être sujette à de nombreuses variations selon les individus, l’environnement, ou encore le temps.
Elle dépend du système cognitif, transmise par le biais d’influx nerveux par la moelle épinière. Également par le système nerveux autonome et localement grâce à la force musculaire et la vascularisation des tissus.
Au-delà de ces mécanismes physiques et chimiques, le processus érotique intellectuel et relationnel détient un fort impact sur la façon dont la sexualité est vécue. Enfin, généralement la sexualité est vécue à deux, ce qui implique de prendre en compte une dimension de couple au-delà de la simple compréhension individuelle.
De nos jours, la mauvaise connaissance du fonctionnement de la prostate entraîne de nombreuses idées reçues ainsi que des peurs infondées sur la relation entre les problématiques de prostate et la sexualité. Beaucoup d’hommes pensent qu’une tumeur ou une opération de la prostate va forcément mettre un terme à leur vie sexuelle. Alors ils retardent ou bien se refusent à consulter et appliquer les soins nécessaires.
Les liens entre maladies de la prostate et troubles sexuels sont encore mal connus et malgré leur retentissement sur la qualité de vie des patients, la progression de la médecine therapeutique permet aujourd’hui de proposer des solutions variées pour faire de la prévention, réaliser des dépistages, et remédier à ces troubles et préserver au mieux la qualité de vie et la sexualité des patients.
Rappels sur la prostate et la sexualité
Pour rappel, la prostate est une glande masculine, située sous la vessie et en avant du rectum. Elle est traversée en son milieu par l’urètre, canal qui part de la vessie jusqu’au méat.
La prostate produit du liquide prostatique qui constitue une partie du sperme en permettant de lui donner de la consistance et du volume afin de rendre les spermatozoïdes plus efficaces, ce fluide est indispensable à la reproduction. La prostate est aussi entourée de nerfs érecteurs qui ne jouent aucun rôle sur son fonctionnement, mais qui sont indispensables à l’érection.
La prostate a donc un rôle direct pour l’éjaculation et la reproduction par contre, elle n’en a aucun dans le phénomène d’érection.
L’érection est un phénomène qui se déroule en plusieurs étapes :
- Les stimulations : visuelles, auditives, tactiles. L’ensemble de ces stimulations doivent être réalisées dans un contexte favorisant, c’est-à-dire dans la détente et la confiance, sans anxiété, énervement ou stress. Ces stimulations vont alors enclencher un premier influx nerveux et la libération de sécrétions au niveau du corps caverneux du pénis.
- Le stimulus sexuel : quel qu’il soit, il entraîne une taille et un volume progressif de la verge qui va atteindre un seuil de rigidité pour permettre un acte sexuel efficace. Ce seuil de rigidité se maintient jusqu’au moment de l’orgasme et de l’éjaculation. À la suite de l’orgasme, la verge retrouve sa forme initiale.
- Les hormones : la production d’hormones spécifiques (testostérone, GNRH, LH et FSH) influe directement sur la qualité de l’érection. Elle peut être perturbée par des facteurs tels que des troubles du sommeil, l’anxiété, l’alimentation, le surpoids.
- La relaxation active : le corps caverneux qui compose la verge est un muscle vascularisé. Pour permettre l’érection, au lieu de se contracter, il doit au contraire se relâcher pour ouvrir les espaces vasculaires et comprimer les veines. Ces veines vont entraîner une modification de la pression artérielle dans les muscles et entraîner une érection.
Toutes ces conditions sont étroitement liées, elles peuvent se compenser les unes les autres, quand une des étapes fait défaut.
Il faut également remarquer le fait que l’âge habituel de l’apparition des troubles sexuels et des troubles de la prostate est identique. La prévalence et l’incidence de ces deux phénomènes sont donc élevées à partir de 50 ans et augmentent avec l’âge. Ces pathologies peuvent également coexister sans avoir forcément de relation de cause à effet. Ainsi souvent à la découverte d’une hypertrophie de la prostate ou de cancers, environ 1/3 des hommes rencontrent déjà des troubles de l’érection.
Quels troubles sexuels ?
Les troubles sexuels et leur fréquence chez l’homme, selon une etude en 1993 :
- Insuffisance érectile : 19 %
- Troubles de l’éjaculation : 85 %
- Troubles du « plaisir » : 33 %
Celui dont on entend régulièrement parler est le dysfonctionnement érectile. Il peut se faire soit par un excès, soit par défaut, d’ailleurs plus fréquent (en quantité et/ou qualité). La dysfonction érectile est pourtant la plus faible proportion des troubles sexuels rencontrés chez les hommes. D’ailleurs, avoir des troubles de l’érection n’a aucun impact sur la fécondation, ni le désir, la libido ou encore l’éjaculation.
Une érection qualitative et quantitative est une condition nécessaire à l’acte mais, elle n’englobe pas à elle seule une sexualité satisfaisante (baisse du désir, absence d’éjaculation, orgasme non atteint).
L'impact des maladies de la prostate sur la sexualité
L’ensemble des maladies de la prostate peuvent avoir un impact direct ou indirect sur la sexualité, quelle soit reproductrice ou érotique. La prostatite, l’hypertrophie benigne de la prostate ou encore le cancer de la prostate peuvent altérer les fonctions sexuelles et leur retentissement est général en lien avec l’âge, c’est pourquoi la prise en charge médicale de la maladie est importante.
Les origines des troubles sexuels
- Les maladies de la prostate : les troubles sexuels apparaissent généralement lorsque les symptômes urinaires des pathologies de la prostate commencent à influer sur le confort de vie. La gêne fonctionnelle qu’ils engendrent se traduit par des douleurs lors de la miction ou de l’éjaculation, des troubles du sommeil générés par les réveils nocturnes et la multiplication des envies d’uriner, fuite d’urine en journée. Plus les symptômes deviennent importants, plus la sexualité en est affectée.
- Les traitements : ils peuvent avoir des conséquences immédiates ou secondaires qui altèrent le confort de vie et la fonction sexuelle.
- Psychologique : lorsque la personne rencontre des problèmes d’anxiété, voir de dépression en rapport ou non avec sa pathologie.
La prostatite
L’inflammation de la prostate est responsable de troubles génito-urinaires invalidants, gênants, créant de fortes douleurs chroniques, qui affectent la qualité de vie. Elle concerne les personnes de tout âge avec une prédominance pour les hommes de 30 à 50 ans.
La douleur apparaît lors de l’éjaculation, pendant ou après, et est la principale raison pour laquelle l’homme évite ensuite les rapports sexuels. L’aspect psychologique est important car souvent, c’est l’anticipation de la peur des douleurs et de la gêne urinaire qui freine l’homme dans sa sexualité.
L’hypertrophie benigne de la prostate
L’hypertrophie benigne de la prostate avec symptômes est un facteur de risque qui influe de manière directe sur les troubles sexuels. Ces troubles sont généralement liés à :
- Un dysfonctionnement érectile (rigidité moindre ou absente)
- Un trouble de l’éjaculat, traduit par un manque de volume de l’éjaculat et/ou une douleur lors de l’éjaculation
Ces troubles sont fréquemment responsables d’une baisse de la sensation d’orgasme et de plaisir. Et ainsi de manière assez générale, plus les troubles urinaires liés à l’hypertrophie benigne de la prostate sont importants, plus l’activité sexuelle diminue. C’est pour cette raison que le médecin doit souvent briser le tabou autour de la sexualité, et doit effectuer une recherche de troubles sexuels chez ses patients afin de proposer des solutions, des choix de traitements ainsi qu’un suivi.
Le traitement par chirurgie de l’hypertrophie benigne de la prostate, n’a pas d’influence normalement sur la fonction érectile puisqu’elle fait en sorte de ne pas sectionner des corps érectiles, artères ou nerfs liés à l’érection. Cependant, dans la majorité des cas, il y a une perte d’éjaculation par les voies naturelles. L’éjaculation devient rétrograde (chez 3 patients opérés sur quatre), c’est-à-dire qu’elle se dirige vers la vessie plutôt que l’urètre. Le rôle du médecin est ici très important, les explications doivent être claires avant l’opération, pour fournir une information précise sur les troubles susceptibles d’être rencontrés, ainsi que dédramatiser l’éjaculation rétrograde. Chez certains hommes, le soulagement des symptômes après l’opération est tel que la fréquence des rapports sexuels augmente (en moyenne deux par semaine).
Le cancer de la prostate
Le cancer de la prostate est la pathologie la plus nocive pour la sexualité, car l’ensemble des fonctions sexuelles peuvent être lésées, selon la localisation des cellules cancéreuses. Contrairement à l’hypertrophie bénigne de la prostate, ce ne sont pas les symptômes du cancer qui influent sur la sexualité, mais c’est le traitement. En effet, quel que soit le traitement utilisé (chirurgie, soins de radiothérapie), le taux de troubles sexuels avant traitement, augmente en général en fonction du traitement utilisé.
Plus le cancer a un diagnostic précoce, moins les risques sont élevés. Parfois même, la lenteur de l’évolution de ce cancer, une surveillance régulière en chu, en hôpital ou en clinique suffit et l’opération chirurgicale n’est pas forcément nécessaire.
La recherche de signes cliniques, via le toucher rectal et le dosage du taux de PSA, permet d’établir le diagnostic et de mettre en place à ce moment-là un traitement adapté.
Le risque de développer des troubles sexuels varie de 50 à 100 % selon :
- le traitement utilisé
- le trouble sexuel concerné
- le profil santé spécifique du patient
- le stade de la maladie
Les conséquences des traitements du cancer :
- la prostatectomie radicale : perte d’éjaculation et troubles érectiles
- des lésions neurologiques, vasculaires et/ou tissulaires
- des lésions anatomiques (dues à l’ablation ou aux médicaments)
Les troubles sexuels liés aux maladies de la prostate peuvent être minimisés lorsqu’avant le traitement, le couple est correctement informé sur les risques sexuels en fonction de leur cas personnel. Lors du traitement et après le traitement, il est primordial d'avoir beaucoup de communication entre soigné et soignant à ce sujet.